Aller au contenu

Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

322
LES SÉRAILS DE LONDRES

naires, et d’y mettre la majeure partie de leur gain ; elles perdirent la première semaine plus de quarante livrée sterlings ; la seconde leur produisit un aspect plus propice ; mais l’événement en décida autrement. Le premier jour qu’elles avoient eu une veine de bonheur, et que, d’après leur mise qui s’élevoit au-delà de dix livres sterlings, elles étoient dans l’attente de recevoir plus de deux cent livres sterlings, le soir même de ce jour, le bureau de loterie où elles avoient déposé leur argent se trouva fermé, et le receveur décampa à la sourdine : elles furent également malheureuse le lendemain, car on refusa de les payer dans un autre bureau, sous le prétexte qu’il y avoit de la fraude dans un des numéros de la mise. Étant donc ainsi trompées, elles se trouvèrent, à la fin du tirage, avoir deux cent livres sterlings de moins dans leurs poches, au lieu de quinze cent livres sterlings au moins qu’elles auroient reçues si elles eussent été payées légitimement de leurs mises.

Il leur arriva aussi un autre accident assez mortifiant, quoiqu’il ne fut pas aussi essentiellement intéressant. Deux riches commissionnaires juifs avoient coutume de leur rendre de fréquentes visites et de leur faire constamment leurs compliments en or léger ; mais elles avoient reçu l’ordre de Madame le P... de ne jamais penser à peser leur argent, afin de ne point faire injure à ses