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LES SÉRAILS DE LONDRES

traits qu’il étoit impossible de la reconnoître. Comme Nancy n’avoit plus alors la moindre prétention de captiver ; que sa figure hideuse lui avoit fait perdre ses connoissances, et l’empêchoit d’entrer dans les séminaires amoureux ; comme elle avoit été obligée de vendre ses meubles pour se faire soigner pendant sa maladie ; qu’elle n’avoit plus ni voiture élégante, ni habillements magnifiques, qu’elle étoit, en un mot, dans la plus grande détresse ; elle se vit donc contrainte à parcourir les rues dans l’espoir de rencontrer quelque citoyen ivre, ou quelqu’apprenti endimanché qui pût lui donner un méchant repas. Dans le cours de cette carrière choquante, elle contracta une certaine maladie qui la força d’aller à l’hôpital où elle paya bientôt la dette de la nature.

Quant à Lucy, ses affaires, après la mort du baronet Orlando, prirent une tournure très désagréable ; elle avoit, par son intempérance et sa débauche, bien affoibli sa constitution ; sa figure vive, et tout à fait agréable, étoit bien changée ; elle n’avoit plus les charmes suffisants pour captiver un homme, au point de la placer dans le même état de splendeur dont elle avoit joui pendant quelque temps. Il est vrai que Fett.....ace la secourut autant qu’il le pût ; mais ses affaires étoient tellement dérangées que, pour éviter l’impertinence de ses créanciers, il fut obligé de partir