Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

28
LES SÉRAILS DE LONDRES

pour le continent. Lucy, abandonnée de tous côtés, après avoir disposé de sa vaisselle, de ses meubles et hardes pour vivre, fut poursuivie par ses créanciers et enfermée jusqu’au moment, où elle fut mise en liberté par un acte d’insolvabilité.

Après son élargissement, Lucy se vit contrainte de recommencer de nouveau son état, dans un temps où elle auroit dû assurer son sort pour le reste de ses jours. Elle trouva cependant des amis qui l’aidèrent à établir un séminaire à l’extrémité de Bow-Street, où elle fit assez bien ses affaires pendant quelque temps ; mais, en peu de mois, ses débauches la réduisirent au tombeau.

Charlotte avoit pris tant d’empire sur le beau Tracey qu’il faisoit ce qu’elle lui commandoit : nous avons déjà observé qu’il étoit devenu, par la suite de ses débauches, un homme très foible pour les femmes ; aussi Charlotte le trompoit notoirement, il le voyoit et il n’osoit lui en faire des reproches. Quand elle se prenoit d’inclination pour un homme dont elle vouloit jouir, elle lui donnoit rendez-vous à Shakespeare ou à la Rose ; et là elle le régaloit de la manière la plus somptueuse aux dépens de Tracey, car il lui avoit donné crédit dans ses deux maisons ; mais lorsqu’il croyoit que la dépense ne devoit se monter qu’à 4 ou 5 livres sterlings, il étoit étonné de la voir portée à 30 ou 40. Quand Charlotte manquoit d’argent, elle avoit