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LES SÉRAILS DE LONDRES

gageai avec lui mille guinées que, dans le mois, il attraperoit une certaine maladie à la mode.

Eh bien ! milord, dit Charlotte, comment puis-je vous aider dans cette affaire ?

Je vous dirai, répliqua-t-il, qu’à ma connoissance, mon rival a une liaison criminelle avec ma femme. Procurez-moi donc, pour demain soir, une personne qui ait grandement cette maladie, afin que je sois complètement en état de me venger de l’infidélité de ma femme, et de la bonne fortune de mon rival.

Dieux ! s’écria Charlotte, qui s’imaginoit qu’il vouloit l’insulter et jeter du discrédit sur sa maison. Vous m’étonnez, milord, et me traitez bien mal, moi qui ai toujours pris le plus grand soin de votre santé. Je ne connois point, et je ne reçois point chez moi des femmes de cette espèce.

Il étoit temps pour milord d’en venir à une explication plus particulière, pour la convaincre de la vérité, il tira de sa poche son portefeuille, et lui présenta un billet de banque de trente livres sterling. Cet espèce d’avocat fit sur Charlotte son effet ordinaire ; elle l’écouta avec plus d’attention, et promit de lui procurer un objet conforme à ses souhaits. Le lendemain la consommation heureuse s’ensuivit, et, au bout de quinze jours, le mari injurié fut convaincu que la double inoculation avoit eu tout l’effet qu’il en avoit désiré. Quelque temps après, l’associé de son lit parut en public ;