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LES SÉRAILS DE LONDRES

À cette expression toute l’assemblée ne pût s’empêcher de rire : et, après une petite pause, Samuel Foote dit, qu’il supposoit qu’une rupture en produisoit bientôt une autre.

La comtesse répondit dans l’affirmatif ; elle reprit, que se trouvant ainsi trompée et imposée, elle ne voulut jamais habiter avec le comte ; qu’elle en déduisa les raisons à ses parents femelles qui approuvèrent sa conduite. Qu’elle fit bientôt après une connoissance particulière avec un jeune officier, qui, fatigué de l’état d’une vie inactive, avoit résolu de se rendre, comme volontaire, dans l’armée française, qui alors étoit en Flandre ; qu’elle l’accompagna de la même manière et que, pour cet effet, elle s’habilla en militaire, et partit pour cette expédition héroïque.

« Je fus, continua-t-elle, à la plus grande partie des batailles et sièges qui terminèrent les guerres de Flandre, et je m’acquittai si bien de mon devoir, comme volontaire, que je fus honoré d’un grade. Mon attachement étoit si grand pour l’idole de mon cœur, pour dom Pedro del Cuiso, l’associé de ma fortune et de mon bonheur, que j’envisageois d’un œil jaloux, toutes les personnes de mon sexe avec lesquelles il parloit. Étant à Lille, il forma une liaison avec la femme d’un colonel. J’avois de trop fortes raisons pour ne pas soupçonner la fidélité de mon amant, car je le surpris