Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

71
LES SÉRAILS DE LONDRES

frère supposé. Il lui proposa d’aller à la comédie ; et comme la sœur, en apparence, devoit être de la partie, Emilie ne vit point de danger d’accepter la proposition. Chacun fut très-satisfait du spectacle jusqu’à la conclusion du drame, lorsque malheureusement, ou plutôt heureusement pour le valet de chambre de milord, la pluie tomba avec une force si prodigieuse, qu’il lui fut impossible d’avoir une voiture : il falloit cependant prendre une résolution ; son avis fut de se rendre dans une taverne voisine et d’y souper jusqu’à ce que la pluie cessa, où que l’on put se procurer une voiture. Emilie frémit d’abord au nom de taverne, mais elle n’eut plus de scrupule lorsque sa compagne lui représenta, qu’en pareille circonstance, sa délicatesse étoit hors de saison, surtout, étant en leur compagnie. On fit venir une bouteille de vin de Madère, et, en attendant que le souper fut prêt, on but à la ronde. Le valet de chambre n’avoit pas oublié de préparer son hameçon, ni d’introduire une bouteille de vin de Champagne bien renforcé d’eau-de-vie. La soirée étoit très humide, et, comme on sortoit d’un endroit extrêmement chaud, un autre verre de vin ne pouvoit point faire de mal, telle étoit la doctrine du valet de chambre ; et du second, on passa au troisième, et ainsi de suite. Pendant ce temps, les yeux d’Émilie étoient plus animés que jamais ;