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LES SÉRAILS DE LONDRES

cette agréable boisson ajoutoit à ses charmes et à sa gaieté.

Le souper achevé, il pleuvoit toujours, et point de voiture. Le temps parut alors favorable pour le grand coup du valet de chambre. Il avoit apporté avec lui de l’opium, qu’il infusa adroitement dans un verre de vin, et qu’Émilie but. L’effet n’en fut pas long, car Morphée s’empara aussitôt de ses sens. Émilie étant ainsi livrée au sommeil, le valet de chambre et la sœur prétendue se retirèrent, lorsque milord, qui attendoit dans une chambre voisine l’issu de l’affaire, entra, et se livra sans beaucoup de difficultés à ses désirs brûlants. Émilie s’éveilla, et s’apperçut trop sensiblement de sa situation : elle connoissoit milord ; elle vit qu’elle étoit perdue. Milord s’efforça de l’appaiser ; il lui dit que sa passion pour elle étoit si forte qu’il n’étoit plus le maître de sa raison ; qu’il l’adoroit, l’idolatroit ; qu’il lui donnoit carte blanche sur les conditions qu’elle lui imposeroit pour vivre avec lui : une voiture, une maison élégante, cinq cent livres sterlings, etc., étoient des tentations auxquelles peu de femmes ne résistent pas. Ces propositions plaidèrent tellement en sa faveur, qu’elle s’abandonna donc entièrement à sa discrétion. Il la mit aussi-tôt en possession de ce qu’il lui avoit promis. Mais, hélas ! la satiété des complaisances répétées du même objet,