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Page:Les Soirées de Médan.djvu/156

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dans un lit propre avec des pieds blancs et des ongles faits. Je saute sur le sommier qui bondit, je m’enfouis la tête dans la plume, mes yeux se ferment, je vogue à pleines voiles dans le pays du rêve.

Il me semble voir Francis qui allume sa vaste pipe de bois, sœur Angèle qui me considère avec sa petite moue, puis Reine s’avance vers moi, je me réveille en sursaut je me traite d’imbécile et me renfonce dans les oreillers, mais les douleurs d’entrailles un moment domptées se réveillent maintenant que les nerfs sont moins tendus et je me frotte doucement le ventre, pensant que toute l’horreur de la dysenterie qu’on traîne dans des lieux où tout le monde opère, sans pudeur, ensemble, n’est enfin plus ! Je suis chez moi, dans des cabinets à moi ! et je me dis qu’il faut avoir vécu dans la promiscuité des hospices et des camps pour apprécier la valeur d’une cuvette d’eau, pour savourer la solitude des endroits où l’on met culotte bas, à l’aise.