Page:Les Soirées de Médan.djvu/179

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grande pièce de soie qu’on déchirerait d’un bout à l’autre. Par-dessus les clameurs, serrée et crépitante, une fusillade éclata. Des balles ricochèrent sur les pierres de la façade qui s’effritaient en éclats secs, et tombaient comme des écailles, en bas, dans une fumée épaisse striée de flammes rouges, çà et là. Aussi calme que s’il eût été à la parade, le général ferma la fenêtre. Il tournait le bouton doré de la crémone, quand, auprès de lui, des morceaux de vitre dégringolèrent, sonnant à ses pieds, sur le parquet. Une balle traversant le carreau avait été se loger dans le mur en face, et un des portraits dans son cadre d’or montrait son uniforme percé d’un trou noir, en plein dans la poitrine. Alors, passant le bras à travers le châssis vide, le général montra le poing à la foule.

— À nous deux, maintenant.

La voix résonna brutale dans le grand salon désolé. Au loin, le canon des forts, par salves désespérées, tonnait sans discontinuer.