Aller au contenu

Page:Les Soirées de Paris, numéro 19, 1913.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dernière. Puis il revint au jardin, fixa un moment le trapèze, où il avait failli se tuer et saisissant une valise, il courut dans la rue. La porte resta entr’ouverte et un passant vit le jardin, qui lui sembla « grand pour Paris », et la maison qu’elle trouva « laide ». Ce fut tout. — Le Vide.


Le père et la mère sortirent ensemble.

Le père ferma la porte de la maison. La mère pensa qu’elle n’avait toujours pas retrouvé ses ciseaux dans la pelouse. Elle vit la pelouse.

« Si le chat revient, il abîmera les dernières tulipes. » Elle vit les tulipes. Elle passa.

Le père dit : « J’aime mieux que la pluie se soit calmée, ça abîme les bicyclettes ». Il mit les clefs dans sa poche, ne vit pas le jardin, ferma la porte de la rue. Mais le jardin resta là, un moment encore. Puis l’Éternité revint dans l’ombre infinie de la Solitude : Il n’y eut plus qu’un ciel, de bas en haut, dont les contours étaient l’Infini.

Au-dessus de la terre, habitée par la pensée des hommes : un ciel clair, semé d’étoiles. La terre est très lumineuse. À l’endroit où la famille a laissé la maison, il n’y a rien. Des Âmes, peut-être ? et des souvenirs… Mais si, pourtant, le Vide s’écarte, le ciel apparaît admirable, d’une pureté divine. Puis la maison haute ! haute ! comme une cathédrale. Puis le jardin, avec une pelouse, comme un champ, et les allées, comme des routes de campagne.

Qui y a-t-il ? Il n’y a rien. Mais si, par terre, un peu au-dessus du sol, deux étoiles sont suspendues : Les