Page:Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

car j'ay juré de vivre en son obeissance.


XXXV.



Retirez cette main, elle me fait mourir,
Hé ! redonnez-la moy pour me rendre la vie,
Helas ! retirez-la, non faites je vous prie,
Car je veux vif & mort ny vif ny mort languir.

Ces petits doigts rosins que me viennent ravir
L'ame hors de mon sang, doublent en moy l'enuye
De souspirer pour eux, & cette main polie
En la sentant asseure & estonne mon cœur.

D'un touchement si doux glissant dessus mon ame
Elle excite le feu qui par vos yeux m'enflame,
Et causent les douceurs de mon heureux tourment.

Et puis, radoucissant la force de ma peine,
Cruelle m'allegeant mignardement me gesne,
Au plaisant desplaisir de mon contentement.


ALLIANCE.
ODE.

 
Lors que Venus print naissance,
Une celeste substance,
Dessus la mer desgoutta,
Qui dedans une coquille
La fit la plus belle fille,
Qu'oncques le monde porta.

La nature depitee
De se voir outrepassee,
Voulut imiter les cieux
Et desevisant la rousee
Dans les nacres assemblee,
Faire un chef d’œuvre comme eux.