Page:Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589.djvu/84

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Quand sortant par mes yeux d'un chaste mouvement
Elle glissoit en vous, ou de bon heur saisie
De retourner en moy elle perdoit l'envie,
Rencontrant tant de bien en si beau changement.

Encore ce beau penser qui mes malheurs allege,
Estant si loin de vous mon martyre rengrege,
Si que tout mon bon heur me cause ce tourment.

Mais, mon cœur c'est tout un, une cause si douce
Fait que si doucement, mes souspirs je repousse,
Que j'ay en mes ennuis trop de contentement.


ODE


Je m'eslongne de ce lieu
Sans adieu
Estant pres vous je vous laisse
Ma Deesse,
Je vous suis tousjours present,
Et absent,
Adieu sans bouger d'icy,
Mon soucy.


LIX.


Mille regrets sont peu pour plaindre vostre absence,
Il les faut infinis, mais helas ! mon malheur
Me fait le temps trop court pour plaindre la rigueur
Du sort qui me punit sans avoir fait offence :

Je suis tousjours de mesme en ma perseverance,
Et si j'ay de l'ennuy j'en pleure la douleur,
Ainsi que maintenant je fons en ma langueur,
En desirant sans plus vostre heureuse presence :

Las ! je ne change point, toutefois le destin
S'irrite contre moy, & j'ignore la fin
De l'injuste tourment, dont sans cesse il m'accable.