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PRÉFACE

avant J.-C. ; et contrairement à ce que j’ai avancé dans mon Étude sur les Centuries de Bhartrihari, où je croyais pouvoir en limiter la date entre le iie siècle de notre ère et le ve, je serais tenté de la placer maintenant entre le viiie et le xe, au moins pour la première centurie et la troisième.

Si le style de Bhartrihari fait souvent la part trop large aux jeux de mots de toute espèce pour ne pas nous obliger à regarder les petits poèmes qui portent son nom comme d’une époque assez basse, la pensée est heureusement restée chez lui plus naturelle que l’expression. Les trois catégories de distiques dans lesquelles il a tracé de brèves images s’appliquant aux faces diverses de chacune de grandes divisions de l’activité de l’homme — le plaisir et l’amour, la conduite civile et les rapports sociaux, les spéculations religieuses et le souci des choses d’outre-tombe — sont semées d’idées gracieuses, justes, profondes, et quelquefois sublimes.

Bhartrihari n’est pas moins remarquable par la variété et la vivacité de ses tours. Chose rare dans l’Inde, le poëte qui obéit aux mouvements spontanés de la pensée et dont l’émotion ou la passion guide la plume perce souvent chez lui sous le versificateur occupé d’allitérations puériles ou de compa-