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IX
PRÉFACE

de l’Inde ancienne. Il y a bien une légende qui répond à tout. À l’en croire, Bhartrihari aurait été le frère et le prédécesseur du célèbre Vikramâditya qui régnait à Ujjayinî, capitale du royaume d’Avanti ou de Mâlava, situé dans la partie nord-ouest de l’Inde, vers l’an 56 avant J.-C. Mais pour admettre ces données, il faudrait bouleverser tout ce qui est considéré comme acquis sur la chronologie littéraire de l’Inde. En s’appuyant sur les dates généralement admises, deux circonstances s’opposent absolument à ce qu’on fasse remonter les stances attribuées à Bhartrihari, du moins dans leur ensemble, à une époque aussi reculée que le premier siècle avant l’ère chrétienne : c’est le caractère souvent très-artificiel du style dans lequel elles ont été produites et l’état d’avancement des doctrines védantiques, telles qu’elles sont exposées dans les distiques religieux de notre poëte. Il semble impossible, en effet, à en juger par ces indications, de considérer comme contemporaines des grands poëmes épiques, d’un style en général fort simple, ces stances écrites avec tant de recherche, et même d’en fixer la composition à une époque précédant celle où vivait le grand organisateur du védantisme, Çankara Achârya, c’est-à-dire au viie ou au viiie siècle