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XV
PRÉFACE

plus grave, que, dans son respect exagéré pour l’original sanscrit, il a traité le français avec un dédain devant lequel l’orthographe même n’a pas toujours trouvé grâce.

Pour établir la supériorité de son interprétation sur celle de Lagrue, M. Fauche a mis en regard l’une de l’autre quelques stances traduites par son prédécesseur et par lui. Je me permettrai de l’imiter pour une stance seulement prise parmi celles qui lui ont servi à cet usage, la vingt-troisième de la centurie du renoncement[1].

TRADUCTION DE M. FAUCHE.
 
LA MIENNE.
Ce qu’il y a de plus propre à casser le nœud qui retient liés à nous les honneurs grands et désirés ; ce qui est pour un bouquet des plus éminentes vertus ce que la lune est pour le nymphéa épanoui qui se fane à son flambeau nocturne ; ce qui est comme une hache qui sape l’arbre de l’aimable pudeur ; c’est le ventre, ce vase difficile à remplir et qui produit la misère.   Ce pot difficile à remplir qu’on appelle le ventre se plaît à contrefaire : comme le voleur, il est très-habile à couper la bourse de la dignité ; comme la lune dont le pur éclat fait fermer les lotus de jour, il éteint toutes les meilleures qualités ; comme une hache, il tranche la liane luxuriante de l’honneur.
  1. Voici le texte de cette stance :

    Abhimatamahâmânagranthiprabhedapatîyasî
    Gurutaragunagrâmâmbhojasphutojjvalacandrikâ |
    Vipulavilasallàjjâvallîvidârikuthârikâ
    Jatharapitharî dushpûreyam karoti vidambanâm. ||