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À son enterrement il y eut grande foule de curieux ; et comme la procession passait près d’un champ d’ognons, le peuple se jeta dedans pour les arracher, et les distribuer à ceux qui suivaient le corps et qui s’en frottaient les yeux pour montrer quelle sorte de larmes ils versaient sur la perte de leur monarque.

Quenoche. — La ! vous avez qu’à voir. Son orgueil était bien puni au moins.

Bonsens. — Oui, et le bouleverseur de la Providence a là encore fait son grand ouvrage ; car, depuis ce souverain, pas un fils de monarque n’a régné sur la France, un roi a péri sur l’échafaud, deux autres dans l’exil, un empereur prisonnier, et toutes ces catastrophes ont été le résultat de l’orgueil.

Jean-Claude. — C’est bien terrible ! Mais, père Bonsens, dites-moi donc où vous avez péché toutes ces belles choses dont je n’ai jamais entendu parler.

Bonsens. — Je m’en vais te le dire ; c’est simple. Quand j’étais jeune, j’aimais bien, comme beaucoup d’autres, à prendre mon coup. J’avais toujours régulièrement ma tonne de vieux rhum dans ma cave et, quand j’allais à la ville, les amis me payaient une traite, ce qui fai-