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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/113

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du Couvent.

horriblement d’être obligée de le laisser impuni ? Se gratter en compagnie est une indécence, et tu jugeras par toi même de l’embarras d’Agnès, qui, tout-à-coup se sent piquée au vif, fait un bond sur son banc, et se voit contrainte à ne faire aucun mouvement, parcequ’elle est entourée d’une soixantaine de béguines, auprès desquelles tousser même est un crime ; Agnès est donc forcée d’endurer un supplice avec le courage d’un Mutius Scévola.

Pauvre colombe ! garde-toi de t’en plaindre : la grace efficace et suffisante agissent sur toi ; le mal que tu supportes maintenant est le prélude des plaisirs qui lui seront proportionnés. La rose ne se cueille point sans avoir fait sentir ses épines, la peine mène au plaisir et le rend piquant, le plaisir sans peine devient monotone et insipide. Ne le tue point cet animal ; Manon, et mille autres comme elles consentiraient bien à être mordues jusqu’au sang, si elles pouvaient jouir des bienfaits qui te sont réservés. Courage, la puce ne pincera pas toujours et tu la pinceras à ton tour.