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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/112

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Les veillées

Tandis que la cohorte voilée psalmodie pieusement ses pseaumes, ses hymnes, ses antiennes et son benedicamus lentement frédonnés, d’une voix grêle et traînante ; Agnès immobile, la bouche entrouverte et les yeux baissés, paroît peut être recueillie dans un sentiment de religion, lorsqu’elle est pâmée, et toute entière à l’amour qui l’embrase. — Vous connaissez tous, ô vous, qui m’entendez, et sur-tout les dames, ces insectes légers, couleur de maron, montés sur des pattes menues comme cheveux, allant, venant et sautillant par bonds ; semblables aux Cigales, mordillant, frétillant et faisant rage, tantôt ici, tantôt là, et prenant notre corps pour le théâtre mobile de leurs menus plaisirs, en un mot vous savez combien est poignante et désolante une puce qui, glissée sous le mouchoir d’une dame, s’émancipe gaîment à pomper un sang qu’on aimerait mieux garder. N’est-il pas vrai, Manon, que lorsque cet animalcule importun, abusant de sa petitesse et de sa légèreté, fourrage ton téton et ta motte, et jouit ainsi d’un bonheur dont je suis jaloux, tu souffres