Aller au contenu

Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
Les veillées

tranchemens ; pendant que la chercheuse se déshabille, la puce a le tems de faire sur la colline une pause qu’elle voudrait rendre éternelle ; delà (c’est un univers pour une puce) elle regarde avec extase l’immensité des bois, la profondeur des vallons : les Alpes et les Pyrénées offrent sous ses partes la neige entassée de leurs cîmes ; elle est à l’abri des glaces, et tout ce qui l’environne alors est noir comme les entrailles d’un Volcan éteint : plus bas elle admire la perspective d’une belle grotte de corail ; le port de Cythère où le pilote vient échouer, faire eau, se délasser par la fatigue même, pleurer à force de joie et faire un naufrage dont il serait bien fâché de se garantir. Agnès est déjà nue et la puce n’a plus d’autre retraite que le concha veneris et le secret asyle de l’Amour ; elle y reste et ne mord plus, aussi-tôt qu’Agnès y a mis le doigt : celle-ci s’agite légèrement et répète tout ce qu’elle a appris avec Louise, tant et tant qu’à la fin elle tombe pâmée, balbutiant ces mots que rallentit son ivresse : « esprit bienfaisant que j’implore, viens dans mes bras ! »