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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/119

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du Couvent.

nouvellé trois fois ses hommages à la beauté d’Agnès, et notre Vénus cloîtrée se trouve encore à son réveil dans les bras de son amant. Ses douleurs ont cessé et rien n’altère la plénitude de ses voluptueux transports ; il lui reste pourtant encore un desir à combler : ô toi que je serre dans mes bras, dit-elle, toi qui m’as rendue à la vie, ne me laisse plus rien à desirer, laisse-moi voir à découvert et palper tous les charmes qui composent ton corps immortel et divin, et si tu m’as trouvée digne de ton choix, ajoutes encore un bienfait à tant de plaisirs… Que demandes-tu, dit le Sylphe, en l’interrompant vivement ? quel est ce desir qui peut nous nuire à tous deux ? Si je deviens visible, c’est ôter à nos plaisirs ce qu’ils ont de piquant ; il te doit suffire que je sois palpable, et je le suis. Puis-je être visible pour toi, sans l’être aussi pour les autres ? Jouis, mais ne cherche pas à voir celui qui te fait jouir ; cette connoissance peut te devenir fatale, on peut nous surprendre et tu serais la victime de ton indiscrette curiosité, comme le fut jadis l’orgueilleuse Psyché :