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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/128

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Les veillées

core. Les Sylphes habitent l’Ether, et notre amante voulait gober au passage, ou en termes du Palais-Royal, raccrocher son amant bleu-céleste dans le moment où sur son char attelé de papillons, il traverserait les airs pour se présenter au lever du soleil, et faire sa cour ; qui sait ? il pouvait être de quartier et de semaine ce jour-là.

Agnès se trompait ; mais quand on aime, on aime à se tromper ; cette illusion est si flatteuse ! Le Sylphe lui avait pourtant dit qu’il était invisible ; mais elle l’avait oublié, elle avait dans ce moment bien d’autres choses à faire que de se souvenir de son invisibilité. Eh ! s’il ne l’eût pas été, bon dieu ! qu’en serait-il arrivé ? Il était possible qu’une None, une Tourière le vît aussi ; et quel vacarme en fût résulté, si la troupe embéguinée se fût aperçue qu’un lutin ou un diable s’arrêtait aux fenêtres d’Agnès ; la jalousie, couverte du masque de la religion, l’eût condamnée au feu, comme convaincue d’avoir un commerce avec les incubes. Vous tremblez, lecteur ; rassurez-vous. Le Sylphe saura bien s’y prendre. Agnès