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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/134

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Les veillées

sans ! Quel sel piquant cette fille savait mettre à nos jeux ! Oh ! Sainte-Emilie ! Vénus ne vous valait pas…

Sainte-Emilie avait été forcée de prendre le voile par raison de famille, et depuis quelques années cette malheureuse fille était rongée par les traits d’un chagrin que rien ne pouvait dissiper. Une mélancolie sombre la minait insensiblement, et la conduisit enfin au tombeau. Cette intéressante maîtresse n’ouvrit jamais la bouche pour témoigner son bonheur, et il n’eut jamais été interrompu sans l’accident funeste qui l’a priva de la vie, et que tout mon amour ne put prévenir.

Oh ! mon sauveur, dit Agnès, puissé-je te paraître aussi intéressante, aussi voluptueuse que Thérese, et aussi discrette que Sainte-Emilie, si c’est le moyen de te conserver ! Tu m’es trop cher pour que je te perde, en me prévalant de ton choix. Je me livre à toi sans réserve, je me repose sur ta tendresse, ma vie est entre tes mains, mais daigne payer ma confiance, en me montrant mon céleste amant. — Le voilà !… Et soudain les yeux