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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/141

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du Couvent.

pirer l’amour de ton culte à quelques êtres que j’avais adoptés et crus dignes de te connaître, mais les monstres m’ont déchiré, m’ont abreuvé de douleurs et de regrets, et je suis forcé d’effacer maintenant de mes tablettes, comme de mes ouvrages, des noms qui devaient m’être toujours chers, et qu’hélas je ne puis oublier. Tu m’as trompé cruellement, mais je t’aime encore, en ne croyant plus à tes reliques…

En vérité, dit l’amoureux Sylphe étonné de tant de générosité, je ne te conçois pas, charmante Agnès, et cette demande est tout-à-fait singulière, pour ne pas dire plus… L’amour est naturellement jaloux ; ce qu’il possède, il veut le posséder seul. Si, par exemple, j’aimais Louise, et lui procurais les mêmes voluptés qu’a toi, est-ce que cela te ferait plaisir ? — Oh ! oui, dit Agnès, je sais, et je suis sûre qu’à ma place elle en ferait autant. Quoi ! je languirais de voluptés, tandis que mon amie se dessèche dans les inquiétudes et le chagrin ? Quelle idée ! elle empoisonne toute ma jouissance ! — Mais non-seulement, tes plaisirs seront diminués, si je les procure à Louise,