Aller au contenu

Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
Les veillées

travaille sans relâche à couvrir de cornes toujours répullulantes le front enfumé de ton hideux époux dont la démarche clopinante, la stupidité et la jalouse laideur font fuir les amours, les ris et les jeux folâtres qui te servent de Pages.

Cette bagatelle n’exige pas que j’embouche l’héroïque trompette, que j’invoque, dans un fatras de grands mots ridiculement pompeux, le blond monarque du Pinde et les neuf habitantes édentées de l’Hélicon ; que je prenne, vil imitateur des Orphées, les élans du Tasse et de Milton. Le son bruyant des clairons effarouche les Grâces ; je ne chante pas, je raconte.

Prête-moi seulement un grain de ta cynique gaîté, séduisant auteur de l’ode à P..... aimable Piron, toi dont les tableaux érotiques me firent si souvent sacrifier à Vénus sans autel et sans prêtresse.

Toi qui veloutas les têtons rebondis de Manon, qui imprégnes de ton souffle embaumé et colores du plus brillant incarnat ses lèvres et les deux roses qui jaillissent de l’albâtre