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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/31

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du Couvent.

continuellement enrager les jeunes colombes, tandis que celles ci de l’autre côté fomentent sans cesse une guerre intestine qui accroît leur supplice ; mais est-ce d’aujourd’hui que les pères et mères, vrais tyrans et marâtres, se sont impunément arrogé le droit de disposer de leurs enfans ? Le fabuliste a dit avec raison : la raison du plus fort est toujours la meilleure. Il faut donc plier sous des êtres qui n’ont d’autres avantages réels sur leurs victimes, que d’être nés avant elles et qui les ont formées machinalement, plutôt en songeant à la délectation particulière de leur petit individu qu’à la propagation de l’espèce et aux voluptés pures et sacrées de la paternité, comme l’a fort plaisamment démontré le père Du Laurent dans son roman philosophique du Compère Mathieu ou les bigarrures de l’esprit humain.

Trois lustres complets, et rien de plus, donnaient aux yeux d’Agnès une nouvelle vie ; on y lisait à quelle époque les flux et reflux de la mer rouge avaient pour la première fois offert leur tribut à l’ordre naturel des