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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/33

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du Couvent.

pour savourer les joies du Paradis dans la possession de cet incomparable pucelage. Quoi ! ces joues où les lys le disputent aux roses, vont être effacées par l’ennui compagnon inséparable des moûtiers ? Ces yeux qui lancent des traits de feu et foudroient la raison, vont se creuser et se cerner sous le doigt corrosif de la mélancolie érotique ? Peut-on enterrer ainsi toute vive une Vestale encore immaculée, qui loin d’avoir laissé éteindre le feu sacré, est elle-même le foyer le plus ardent et le plus actif où l’Amour doit forger ses plus dangereuses flêches ? — Ah ! Manon, quand cette idée s’offre à mon esprit, mon œil est couvert de pleurs, je verse des larmes de sang sur le sort d’Agnès et de ses compagnes d’infortune, et nouvel Erostrate, je ne sais qui me retient d’aller porter le fer et la flamme dans tous les Couvens de l’Univers, d’Augustines, d’Ursulines, de Visitandines, de Bernardines et de Carmelites &c. &c. &c.

Continuellement sous les yeux de la dégoûtante sœur Tout-œil, elle apprenait comme un ange un long fatras d’ennuyeuses conversa-