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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/34

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Les veillées

tions, elle faisait au mieux une profonde révérence et baissait avec la modestie et la dévotion la mieux imitée, sa clignotante prunelle devant la respectable et antique Abbesse qui, la félicitant de l’air hautain d’un noble protecteur, et lui barbouillant d’un ton grasseyant un compliment laconique, collait ses lèvres octogénaires sur le front d’ivoire de notre Magdeleine en herbe. Agnès était unique pour réciter d’un ton papelard la fastidieuse litanie des complimens usités aux fêtes de Dame Prieure, Dame St. Nicolas, sœur Ste. Scholastique, Ste. Genevieve et Ste. Thérèse. Agnès, en un mot, était un Phœnix pour ces hypocrites guimpifères, mais ne vous y trompez pas, ce n’était pas que la captive eût beaucoup de goût pour toutes ces rapsodies ascétiques et ces niaiseries de cloître ; non n’ayant rien de mieux à faire, elle l’apprenait machinalement, par devoir et pour ne pas indisposer contr’elle la cohorte austère des mentors de son enfance ; mais il est aisé de se faire une idée de sa joie lorsqu’elle trouvait parmi ses compagnes un joli livre de contes.