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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/40

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Les veillées

à l’église, au dortoir, au parloir, elles étaient toujours inséparables comme deux étourneaux, lisaient, veillaient, priaient, dansaient, jouaient, dormaient, chantaient, psalmodiaient et pissaient même ensemble ; on les eût cru les deux sœurs ; elles se seraient même donné ce doux nom, si les religieuses qui probablement avaient lu l’Atlantis de madame Manley, dans le chapitre qui parle de la Cabale ou de la secte des tribades, ou les mémoires secrets de la république des lettres, par M. de Bachaumont, à l’article des impures Raucoux et Sophie, ne s’y fussent opposées.

O douce amitié ! doux lien des cœurs, le soutien et la consolation des malheureux mortels que ta chaîne vivifie ! toi qui doubles les êtres, et qui peut seule semer de fleurs l’aride chemin de cette vie ; toi qui, blanche comme un cigne, diaphane comme le crystal, pure comme l’eau de roche, ingénue comme l’enfant qui naît, et éternelle autant qu’indivisible, marches à côté de la fidélité, pour visiter dans les ombres de la nuit et dans l’horreur des cachots, le malheureux que tu