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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/43

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du Couvent.

saisonnement. Puissent l’intérêt, l’amour, la rivalité, la jalousie, la distance des lieux et des calculs de fortune, ne jamais étouffer en moi le sentiment tendre et délicat que j’ai voué aux amis de mon enfance, et lorsque la vieillesse aux doigts décharnés, entr’ouvrant notre tombeau, nous avertira d’y descendre, puissé-je voir autour de mon lit, trois ou quatre mortels amis de mon cœur et dont je serai chéri, verser des larmes sur ma perte et m’assurer de leur éternel souvenir ! Puissé-je, après avoir glissé sur la vie sans bruit et sans chagrin, sans renommée, mais sans ennemis, glisser sans aucun sentiment pénible au fond du sépulchre, en laissant heureux tout ce qui m’entoure ! Puissions-nous avant de reposer ensemble, comme Du Breuil et Peckméja, nous rappeler, ô mon cher Moreau, les instans de notre félicité passée, où l’amour des beaux arts, le goût du travail, l’union de nos cœurs, la conformité de nos malheurs, nos sentimens et notre enthousiasme faisoient notre fortune et nos plaisirs ; et si le commerce des muses, la gloire d’éclairer les hommes,