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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/45

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du Couvent.

Mais le sentiment m’égare, revenons à nos pensionnaires. Agnès et Louise s’aimaient sans savoir comment, mais il est aisé de juger que l’amour, sans qu’elles le veuillent, y sera pour beaucoup. Louise collait quelquefois sur les lèvres de son amie un baiser dont la flamme augmentait le vif incarnat des siennes, et ce baiser les mettait dans un état qu’elles ne pouvaient définir. Un feu plus actif et plus pénétrant que celui qui dans le sein de l’Etna dévore et liquéfie les entrailles de la terre, se glissait et pétillait en elles de veine en veine. « Dis-moi donc, Louise, disait Agnès, pourquoi tes embrassemens me font brûler ainsi ? Comme tu sais embrasser ! Qui t’a donc appris à donner de ces baisers qui vont jusqu’à l’ame et qui l’embrasent. Ceux de maman, ceux de mon papa, ceux de madame l’abbesse, de nos dames et de mes parentes ne me procurent rien d’égal, je me meurs de plaisir ; que tu es aimable » ! — Et en même tems Agnès serrait contre sa gorge Louise sa bonne amie, avec une force extraordinaire, pour la payer de retour : — « Je