Aller au contenu

Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
Les veillées

ne sais, dit Louise, pourquoi j’applique plutôt mes lèvres sur ta jolie bouche que sur tes joues, qui pourtant sont aussi belles, je crois que c’est la nature et un sentiment extraordinaire et surnaturel qui me dictent cela. L’amitié m’enseigne qu’on ne sauroit mettre trop de feu dans les baisers qu’elle donne ; elle ne choisit pas la place, et selon moi, le front est le siège du baiser respectueux et civil, ou celui de l’amour maternel ; la main est pour le baiser de protection ; les joues sont pour l’amitié, le cou pour l’amour et les lèvres pour ces deux sentimens. Mais, écoutes ce qui m’a donné quelques notions sur ce baiser ».

« Tandis que mon papa faisait enrager ses paysans allait tuer du gibier, ou dîner chez le Curé de son village avec lequel il est ami, parceque tous deux s’ennuyent et ne peuvent se désennuyer qu’un verre, un fusil, ou des papiers de chicanne dans les mains, maman passait les après-dîners seule dans un petit cabinet sombre et environné d’arbres bien touffus, et assez bien orné de figures, de ta-