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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/78

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Les veillées

avoit fourni moitié de sa carrière. Ses rayons brûlans desséchaient le lit des ruisseaux. Le calice des fleurs s’inclinait languissamment vers son sol nourricier. Les troupeaux altérés cherchaient avidement un filet d’eau dans les marais que le soufle caniculaire avait taris. Les moissonneurs hâlés levaient avec peine la faucille qui s’échappait de leur main défaillante. Moi, qui ce jour là pêchais dans les étangs qui environnent ce Couvent, forcé de mettre à terre la ligne que ma main ne pouvait plus porter et de chercher un abri sous les saules qui bordent le jardin où nos pensionnaires se promenaient, j’invoquais les Nymphes de la rivière d’Aronde et la Napée qui préside à la fontaine de Braine, pour qu’elles me prissent dans leur sein. C’est alors que j’enviais le sort de ceux qui n’ont d’autre occupation que de promener leur molle indolence aux Thuileries, au Palais Royal, aux boudoirs des Laïs et des Phrynés, de ceux qui dans une charmille épaisse et souterraine, dans un sallon et un belvédère imperméables au Soleil, graces à de triples