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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/79

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du Couvent.

jalousies, ont encore peine à prendre sur eux assez de force pour soulever de leurs profonds et riches fauteuils, leurs corps appésantis par l’apathie et une mauvaise digestion.

N’est-il pas vrai, Manon, qu’alors l’aiguille avec laquelle tu brodes aussi joliment que Minerve ou Arachné, échappe mille fois de tes doigts ? Une chaleur étouffante t’ôte la respiration ; ta gorge bondit avec un élan plus actif, l’agitation de ton cœur est plus précipitée ; ton corset suffit à peine pour retenir prisonniers deux globes de neige qui voudraient prendre l’air loin du geolier qui les tyrannise. La sueur qui couvre ton corps donne à tes appas, sur lesquels le soleil ne luit pas, la couleur incarnadine de la rose et de la grenade : les deux bords de ta conque se dilatent. C’est alors que l’heure du berger sonne, c’est le moment favorable aux amans : alors on a besoin d’être nue, alors il faut un gazon et un ruisseau sous un épais coudrier ; la vertu n’a plus alors assez de force pour se servir de l’éventail contre un amant aimé ; les bras tombent, la pudeur avec eux, et l’amant se