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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

généralement émises. Les uns disent — à mon humble avis, c’est l’opinion la moins probable par la raison énoncée plus haut — qu’un gouverneur de Lyon, nommé Aldebert, s’étant converti au christianisme, après le martyre, de saint Irénée, fonda un établissement religieux où ses deux filles, Radegutide et Aldegonde, et une nièce nommée Sibilla, se consacrèrent au service de Dieu ; cette sorte de couvent aurait été bâti dans le lieu où est actuellement l’église de Saint-Pierre, l’an 304, dit Perrietti. Mais la persécution de Dioclétien n’avait cessé qu’en 303 ; il est bien difficile de croire que, dès l’année suivante, on ait fondé une telle communauté. D’autres croient, et ce doit être la vérité, d’après des chartes authentiques citées par Rubys, que ce monastère ne fut fondé que vers l’an 320, quelques années après que Constantin, monté sur le trône impérial, eut fermé l’ère des persécutions et donné (312) la liberté à l’Église. Ainsi cette institution aurait précédé la monarchie française, elle aurait vu se succéder bien des générations, s’élever et tomber bien des trônes ; les religieuses elles-mêmes ont disparu, mais l’église est là toujours, comme pour dire que les hommes passent et que Dieu demeure. Enfin, quelques auteurs croient que ce n’est qu’au sixième siècle que ce monastère fut fondé, soit par Gondemard, roi des Burgondes, et par la reine Teudelinde, sa femme, qui y établirent quelques religieuses au service des malades, soit par Radegonde, épouse de Childebert, qui, en 544, aurait soumis en même temps les religieuses à la règle de saint Benoît. Mais ces assertions doivent être inexactes, car, dès le quatrième siècle, de grands personnages y avaient déjà reçu la sépulture. Pour être complet, je dois ajouter que Berquigny n’admet pas la fondation du monastère si tôt ; il la reporte, lui, au sixième siècle.

Sur la fin du sixième siècle, en 587, Girart, seigneur bourguignon, et sa femme Gimberge léguèrent tous leurs biens à ce couvent pour la dot de leur fille Adaltrude. Mais, ce n’est qu’au septième siècle que le monastère de Saint-Pierre prit une grande importance. Saint Ennemond, issu de l’illustre famille des Delphins, qui fut, dit le P. Colonia, la tige des Dauphins de Viennois,