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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

aurions fait aussitôt de très humbles représentations là-dessus, si nous n’avions espéré que Votre Grandeur étant ensuite mieux informée, Elle écouterait à notre égard les sentiments d’un bon père, qui revient volontiers des préventions que des personnes mal intentionnées Lui ont données contre des enfants qui certainement ne sont pas coupables des crimes qu’on leur impute. Mais voyant, Monseigneur, avec une très vive douleur que l’indignation de Votre Grandeur contre nous, loin de diminuer, semble augmenter, nous ne croyons plus devoir rester dans le silence, ce qu’on pourrait attribuer à une indifférence de notre part pour les choses dont on nous accuse, ce qui n’est pas permis à un catholique en ce qui regarde sa foi, ou peut-être même à une conviction que nous nous reconnaissons coupables. Permettez-nous donc, Monseigneur, de nous jeter avec respect aux pieds de Votre Grandeur, pour le supplier de vouloir bien écouter les raisons que nous prenons la liberté de Lui dire pour notre justification.

« Vous nous avez dit, Monseigneur, que c’est depuis plus de trente ou quarante ans que vous étiez informé que nous avions de mauvais sentiments, qui nous avaient été inspirés par ceux qui nous avaient conduits (sic), et par les mauvais livres que nous lisions. Votre Grandeur en donna pour preuve la visite et l’enlèvement des livres faits dans notre maison par feu Mgr de Saint-George. Nous n’avons, Monseigneur, qu’à rappeler la chose telle qu’elle se passa pour faire voir qu’au lieu d’être une preuve contre nous, elle tourne à notre avantage. Voici le fait dans la vérité, comme l’assurent celles d’entre nous qui en ont été témoins. Il est vrai qu’en l’année 1708, Mgr de Saint-George fit la visite des livres dans notre maison. Il déclara d’abord que c’était par un ordre exprès de la cour, et malgré lui : il fit la visite avec toutes sortes de bontés et de politesse. Il n’entra pas même dans toutes les cellules. Il se contenta de regarder ce qui était sur les tablettes, et dit qu’il s’en remettait pour les lui envoyer à sa fille Madame notre prieure, qui était alors Mme de La Tour, l’illustre tante de notre prieure d’aujourd’hui, ce qu’elle fit avec beaucoup d’exactitude. Une marque qu’il ne les trouva pas mauvais, c’est qu’il les renvoya quelques années