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LES BERNARDINES

maîtresses seules tant que vous voudriez, et dès lors, que chacune continuerait d’occuper ses chambres comme auparavant. De plus, Son Éminence a fixé à sept le nombre au-dessous duquel celles qui survivraient seraient dispersées dans différents couvents à leur choix ; les religieuses peuvent insérer cette clause dans leur consentement ; celles qui survivront à la suppression, et qui se retireront dans d’autres maisons recevront trois cents livres de pension viagère. »

Deux jours après, le 5 octobre, la communauté des Bernardines s’assemble en chapitre général, et donne le consentement tant demandé.

On croirait l’affaire terminée, il n’en est rien. Il faut prévoir ce que deviendront les biens de la communauté. Une commission chargée de ce soin décide qu’ils iront à l’abbaye des Bénédictines de Chazeaux. Cette conclusion semble éclairer cette affaire d’un jour tout nouveau. Les Bernardines crurent voir dans cette décision la fin d’un complot tramé contre leur existence ; elles s’adressèrent au roi pour obtenir justice. Dans une supplique de 1754, elles lui exposent très clairement les faits :

« Pendant que le monastère des Bernardines fleurissait, dit ce mémoire, celui de l’abbaye de Notre-Dame de Chazot, ordre de Saint-Benoît, dans la même ville, tombait en décadence. En vain plusieurs personnes leur firent des dons pour les soutenir, en vain M. le cardinal de Tencin, à son arrivée à Lyon, leur fit un don de vingt mille livres.

« Il fallut chercher d’autres voies pour prévenir leur ruine totale. Des ecclésiastiques de leurs amis n’en imaginèrent pas de meilleure que de tâcher de leur faire obtenir les biens des dames de Saint-Bernard, dont ils jurèrent la perte.

« Pour réussir dans leur projet, ils firent les officieux et vinrent rendre une visite à la supérieure de ce monastère, à laquelle ils firent offre de leurs services, en lui offrant de l’argent pour fournir aux grands frais de bâtiments qu’elles entreprennent.

« Cette dame les remercia et leur dit qu’il lui manquait, à la venté, une somme de quinze mille francs, mais qu’elle allait les recevoir des dots de cinq novices, qui prenaient l’habit dans un mois ou