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PRÉFACE

toujours avec les recrues nouvelles, qui adoptèrent la vie religieuse telle qu’elle fonctionnait sous leurs yeux. L’âge d’or n’était plus, on était entré dans la période des concessions, et presque partout se manifestaient les symptômes d’une décadence dont on ne pouvait faire retomber sur personne la responsabilité, dont, presque à son insu et comme malgré soi, tout le monde était complice. (Le P. Chapotin, Rev. de l’Ouest, 1887.)

Ce qui fut vrai, comme conséquences de ce redoutable fléau, fut vrai encore comme conséquences de l’invasion des bandes protestantes, commandées par le baron des Adrets. Pendant treize mois, elles restent maîtresses de la ville. Pendant treize mois, les membres des diverses familles religieuses sont dispersés ; cette dispersion ne peut que nuire à l’état religieux. Treize mois plus tard, ils reviennent moins nombreux et, par le fait de leur dispersion, moins réguliers, et ils trouvent leurs couvents pillés, renversés, détruits. C’est un temps plus ou moins long à passer dans le provisoire, où les règles nécessairement fléchissent sous la tyrannie des circonstances, et non sous la mauvaise volonté des religieux.

Un autre moment délicat de l’histoire des ordres monastiques est celui qui précède la Révolution. Nous aurons l’occasion de le constater souvent, quand la loi déclara les religieux libres de sortir de leurs communautés, les défections, rares chez les femmes, furent assez nombreuses chez les hommes. Que quelques hommes, impatients du joug et ne le supportant qu’avec hypocrisie, aient été heureux de ce bénéfice légal, c’est possible, quoique difficile à admettre, puisque rien ne les contraignait de vivre de la vie religieuse, mais je crois que la vraie raison est ailleurs. Le xviiie siècle avait préparé de longue date,