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LES CARMES

de Lyon, Louis de Villars, l’autorisation d’acheter un autre emplacement. Leur requête fut approuvée. L’emplacement définitivement choisi, était situé au faubourg Saint-Vincent, près, mais en dehors des fossés de la Lanterne, qui formaient alors la limite septentrionale de la ville.

Leur établissement ne se fit pas sans peine, car plusieurs fois les moines de l’Ile-Barbe, le commandeur de l’hôpital de Sainte-Catherine et le prieur de la Platière voulurent les expulser de force. Grâce à la protection de Clément V, sacré à Lyon en 1305, grâce aussi à quelques sacrifices pécuniaires, ils parvinrent à triompher de ces difficultés. Mais ils ne tardèrent pas à rendre à d’autres religieux une bonne part des tracasseries qu’ils avaient subies. Nous avons vu déjà quelle formidable opposition rencontrèrent les Augustins ; les Carmes, en effet, ne voulaient pas entendre parler de cet établissement trop voisin de leur monastère ; des procès furent engagés, et ce n’est que par une transaction que les débats prirent fin.

Avec le temps, les Carmes parvinrent à conquérir de l’influence ; aussi voyons-nous un père Carme, Laurent Bureau, devenir, sur la fin du quinzième siècle, évêque de Sisteron et confesseur des rois Charles VIII et Louis XII. C’est sur ses instances que les libéralités de ces deux souverains s’exercèrent en faveur des Carmes. Aussi ces religieux se mirent-ils à bâtir, en 1495, une superbe église. Elle était du style gothique sévère, ressemblait assez à celle de Saint-Bonaventure, et était située à la place de la rue de la Paix ; elle était placée sous le patronage de Notre-Dame du Mont-Carmel ; on y remarquait une chaire en bois d’un beau travail, copié sur celui de Saint-Étienne du Mont, à Paris. Les chapelles étaient nombreuses et parmi elles se faisait remarquer celle de Saint-Laurent, édifiée aux frais de Philibert Vitallis. Les Génois avaient adopté l’église des Carmes comme lieu de leurs assemblées chrétiennes.

Il est impossible de parler des Carmes sans parler de Corneille-Agrippa de Nettesheim, qui logeait chez les Carmes, quand il venait à Lyon. C’était une sorte de prédécesseur de Cagliostro ; il passait pour astrologue et sorcier ; il avait d’illustres amis et de formidables