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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

ennemis. Quoiqu’il en soit, sa vie fut des plus étranges ; accusé de magie, emprisonné, rendu à la liberté, courant le monde, il mourut à Grenoble dans la plus grande misère.

Les événements de 1562 eurent aux Carmes les mêmes conséquences qu’ailleurs, la dispersion des religieux et le pillage du couvent. Le prieur, le sous-prieur et cinq autres Carmes étaient restés dans le monastère, pendant tout le temps qu’avait duré le siège de la ville ; ils y étaient encore le 7 mai lorsque Guillaume Gay, marchand de Lyon et colonel de l’Église réformée, vint faire une perquisition. Il voulut voir les reliquaires d’argent, mais les Carmes déclarèrent qu’en prévision des troubles, ils les avaient remis à Messieurs de Saint-Jean, leurs supérieurs. On dressa un inventaire, et Guillaume Gay fut déclaré gardien des objets décrits. Mais treize mois après, lorsque les religieux rentrèrent en possession de leur couvent, ils ne purent jamais, malgré la publication répétée des monitoires de l’official de Lyon, recouvrer les objets volés.

Une fois ces violents troubles apaisés, les Carmes eurent de longues années de prospérité. C’est dans leur couvent que s’assemblait le collège des médecins de la ville ; c’est là que se réunissaient les pharmaciens, quand ils avaient un aspirant à recevoir ; c’est là qu’au mois d’août 1596 se tinrent les Grands Jours, qui se prolongèrent jusqu’aux fêtes de Noël. Les Grands Jours étaient des sessions extraordinaires de justice, ouvertes en exécution de lettres patentes du roi ; ces tribunaux temporaires étaient présidés par un envoyé royal et décidaient des litiges et des affaires d’appel. Les Grands Jours de 1596 virent quinze conseillers au parlement de Paris, présidés par Forget ; ils statuèrent sur les plaintes des bourgeois, mirent fin à des démêlés qui étaient survenus entre les officiers de la ville au sujet de leurs attributions, et prononcèrent sur les règlements des officiers de judicature.

Le couvent des Carmes des Terreaux eut à sa disposition des ressources considérables ; il en fit toujours un noble usage. En tout temps, mais surtout aux jours mauvais des calamités publiques, la population lyonnaise trouva toujours, à la porte du monastère, une