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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

dans la cour de la maison qui, sur la place de la Miséricorde, porte le numéro 5, vous verrez les restes du cloître avec des arcs à plein cintre ; dans la grande maison voisine, séparée de la rue des Auges par une cour, vous trouverez de vastes locaux qui sont un souvenir des salles du couvent.

Mais cette histoire des Grands-Carmes des Terreaux serait incomplète, si nous ne parlions des Pénitents de la Miséricorde, qui possédaient une chapelle sur les terrains occupés par les Carmes, à l’ouest de la place actuelle de la Miséricorde. C’est un corollaire intéressant de l’histoire qui nous occupe.

Un citoyen de Lyon, Milanais d’origine, le charitable César Laure, inspiré par un religieux Célestin, le vénérable Jacques Moricelli, conçut le dessein d’une confrérie destinée au soulagement des prisonniers et au salut des criminels. C’était une sainte œuvre, elle fut bien accueillie des Lyonnais. Les Carmes cédèrent le terrain pour la construction de la chapelle, à certaines conditions que nous verrons plus loin, et les Pénitents de la Miséricordes’y installèrent en 1636. Ils devinrent bientôt très nombreux et appartenaient à la meilleure société de la ville. Comme ils s’occupaient spécialement, dans leur charité, des prisonniers et des condamnés à mort, ils étaient placés sous le patronage de saint Jean-Baptiste, qui eut la tête tranchée. La fête de la Décollation était leur fête patronale.

Il n’est pas sans intérêt de suivre ces Pénitents dans leurs œuvres : les lundis et les jeudis, ils allaient à la prison et distribuaient à chaque prisonnier un demi-litre de vin et un pain d’une livre et demie. Deux visiteurs, plusieurs fois la semaine, délivraient aux prisonniers des souliers, des vêtements, des couvertures, et souvent s’entendaient avec leurs créanciers pour leur procurer la liberté et payer leurs dettes avec l’argent de la compagnie. Ils délivraient ainsi de cent à cent cinquante prisonniers. Ils contribuaient aux distributions de bouillon, donnaient des remèdes, et envoyaient un médecin aux malades. Lors du passage de la chaîne des forçats, on leur distribuait des aumônes. Quand un criminel était condamné au dernier