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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

est aujourd’hui aussi vive que jamais. Il ne se répandit pas beaucoup tout d’abord, mais il progressa par la suite. En 1151, il n’y avait que quatorze maisons ; en 1258, il y en avait cinquante-six ; il en comptait cent soixante-douze en 1718. La révolution française en a fermé et détruit un grand nombre ; aujourd’hui, peu à peu, elles se repeuplent des anciens moines dans les lieux où cette rénovation est possible. La révolution italienne a accompli la même œuvre dans la péninsule ; elle a fermé et s’est approprié les plus riches maisons de l’ordre, entre autres celles de Pavie et de Naples.

Les Chartreux, chacun le sait, ont le secret d’une admirable liqueur, qui met entre les mains de ces bons religieux des sommes considérables ; c’est le trésor des pauvres et de tous ceux qui sont dans le besoin ; je ne sais pas s’il est un coin de la France, peut-être même un pays du monde, qui n’ait pas éprouvé les bienfaits de ces économes du bon Dieu.


III
bonnes relations qui existaient entre la chartreuse et l’église de lyon

Les Chartreux étaient trop voisins de Lyon, et l’Église de Lyon était trop célèbre, pour qu’il ne s’établît pas entre celle-ci et ceux-là des relations plus ou moins intimes. La Sainte Église de Lyon, qui, par S. Irénée et S. Pothin, remonte à l’Église de Smyrne, a toujours conservé dans sa liturgie, ses cérémonies, son chant sacré, quelque chose de la grandeur et de la noblesse orientales. Les Pères de la Grande-Chartreuse furent désireux de posséder dans leur solitude ces antiques traditions. En 1126, pendant l’épiscopat de Raynauld, membre de la Maison de Semur, en Bourgogne, légat apostolique et soixante-seizième archevêque de Lyon, ils s’adressèrent « à la très sainte et très antique Église de Lyon, primatiale des Gaules, comme la plus célèbre de toutes, » et ils en adoptèrent pieusement les livres de chant et la façon de chanter. C’est à dater de cette époque, que