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L’ABBAYE D’AINAY

Bernard, Raverat placent l’amphithéâtre, il n’y a pas trace de culte rendu aux martyrs, donc ce n’est pas là. Donc l’amphithéâtre, où nos pères versèrent leur sang en témoignage de leur foi, fut à Ainay, et, comme nous le verrons, la piété chrétienne s’y manifesta aussitôt après la première persécution lyonnaise (177). La fête des Merveilles, dont nous parlerons plus loin, est une autre preuve.

Le monument élevé à Auguste fut-il un temple ou un autel ? Strabon, le grand géographe de l’antiquité, appelle indistinctement cet édifice un temple ou autel magnifique, digne d’être considéré. La numismatique d’abord, la gravure ensuite, ont vulgarisé le temple d’Auguste. Aux deux côtés de l’autel s’élevaient deux colonnes de granit, surmontées de deux Victoires colossales. Les deux colonnes, plus tard, furent coupées par le, milieu pour en faire quatre, et ces quatre colonnes soutiennent aujourd’hui le chœur de l’église d’Ainay. — On considère comme à peu près certain que l’autel s’élevait au milieu d’une enceinte très vaste découpée en portiques, et décorée de soixante statues représentant les soixante nations des Gaules qui avaient concouru à l’édification de ce monument. Nous n’avons jamais pu comprendre pourquoi M. Meynis, dans ses Grands Souvenirs, ne compte que trente nations. Le chiffre de soixante est donné par tous les auteurs, et c’est le chiffre exact.

Caligula, avons-nous dit, institua à Lyon les miscellos, les jeux mêlés ; il se plut à imposer d’humiliantes et barbares conditions aux rhéteurs qui prenaient part à ces concours littéraires. Ceux dont les ouvrages avaient rencontré le moins de faveur étaient condamnés à fournir les prix aux vainqueurs, à chanter leurs louanges, et de plus à effacer leurs propres écrits avec la langue. Ces rigueurs étaient de nature à inspirer quelque effroi aux concurrents, et elles en inspiraient en effet. Juvénal en parle dans ces deux vers si connus :


Palleat ut nudis pressit qui calcibus anguem,
Aut lugdunensem rhetor dicturus ad aram.

Enfin, non loin de l’autel d’Auguste et de l’Athénée de Caligula, il y avait un amphithéâtre. Cette affirmation soulève les mêmes