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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

polémiques que l’autel d’Auguste. MM. Martin-Daussigny, Bernard, Raverat, Steyert n’en veulent pas entendre parler. Le P. Ménestrier, Brossette, le P. Colonia, disent que cet amphithéâtre fut aux Minimes. La grande raison qu’ils font valoir, c’est qu’entre nos deux fleuves on ne voit aucune ruine d’un monument destiné aux luttes des gladiateurs ou aux combats d’animaux féroces, et pouvant contenir une foule considérable. Sans doute, cette raison est grave. Mais M. de Boissieu répond que cet amphithéâtre n’a pu et dû être qu’en bois. Tous les amphithéâtres ne furent pas des Colysées ; longtemps Rome se contenta d’amphithéâtres de bois, et il en donne des preuves péremptoires. Ne savons-nous pas aussi qu’en Espagne les enceintes immenses où se donnent les courses de taureaux sont souvent en bois ? Qu’y eût-il eu d’étonnant qu’un amphithéâtre comme celui de Lyon, qui ne servait peut-être qu’une fois par an, eût été construit en bois ? Et dût-il même avoir eu des assises gigantesques en pierres, qu’y aurait-il d’étonnant à ce qu’il n’en restât rien, après les nombreuses invasions qui ont ravagé Lyon ? L’honorable et savant M. Vachez a concilié les deux opinions en disant que les citoyens romains furent décapités aux Minimes, et les autres livrés aux bêtes à l’amphithéâtre d’Ainay ; du moins reconnaît-il l’existence de ce dernier, et c’est tout ce que nous en voulons retenir. Du reste, sans nous attarder davantage, n’oublions pas le témoignage de Grégoire de Tours et d’Adon de Vienne, dont on fait vraiment trop bon marché : Locus in quo passi sunt Athanaco vocatur, le lieu où ils ont souffert le martyre s’appelle Ainay.

Ainsi dégagée de ces encombrantes discussions, qui n’ont pas fait de la lumière, mais qui n’ont élevé que des doutes, l’histoire d’Ainay va plus facilement se poursuivre.

Pendant que le paganisme régnait à Lyon en maître incontesté, un étranger arrivait d’Orient, de la ville de Smyrne, envoyé par l’évêque de cette ville, saint Polycarpe, qui était lui-même disciple de l’apôtre bien-aimé, saint Jean l’Évangéliste. Cet homme, c’était le vénérable Pothin, le premier apôtre de nos régions. Dans une humble chaumière qui s’élevait sur l’emplacement actuel de l’église