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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

lités qui accompagnent les émeutes populaires, les vociférations, les outrages, les violences, les emprisonnements, les coups de pierre, le pillage, en un mot tout ce dont est capable une populace en fureur et poussée par sa rage, ses craintes ou sa haine, fut exercé contre les confesseurs ; mais leur constance est demeurée invincible. Ensuite, traînés au forum par le tribun des soldats et par les magistrats de la ville, ils répondirent aux questions qu’on leur fit, en présence d’une foule immense, par une généreuse profession de foi. Après cela, ils furent jetés dans la prison jusqu’au retour du gouverneur. Dès qu’il fut arrivé, on les lui présenta ; et comme il les traitait avec une cruauté égale à sa haine contre les chrétiens, cette injustice révolta un de nos frères, Vettius Epagathus. C’était un jeune homme brûlant de charité pour Dieu, de mœurs si pures et d’une vie si austère, qu’il méritait déjà l’éloge que l’Écriture fait du saint vieillard Zacharie ; car il marchait avec édification dans toutes les voies du Seigneur, toujours prompt à servir Dieu et le prochain, toujours animé et rempli de l’Esprit divin. Or, Vettius Epagathus, ne pouvant contenir son indignation, demanda la permission de défendre ses frères et de prouver que, parmi nous, il ne se passait rien d’impie. À cette proposition, la foule qui entourait le tribunal se mit à vociférer contre lui (car il était fort connu), et le gouverneur, choqué de sa demande, s’informa de lui s’il était chrétien. Vettius confessa hautement qu’il l’était, et il fut mis aussitôt au nombre des martyrs, sous la prévention d’être l’avocat des chrétiens. Il avait bien mérité ce titre, puisque, comme Zacharie, il avait en lui-même pour avocat et pour consolateur l’Esprit-Saint. Disciple digne de Jésus-Christ, il suit aujourd’hui l’Agneau partout où il va.

« Ces premières épreuves opérèrent bientôt un triste discernement entre ceux qui s’étaient préparés au combat et ceux qui ne l’avaient pas prévu. Les premiers se déclarèrent avec hardiesse et témoignèrent un désir ardent de consommer leur martyre. Parmi les autres, dix troublèrent la joie des confesseurs par une