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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

de se dédommager, et après le terme convenu, elles devaient revenir à la communauté. Ces maisons bordent la grande rue des Feuillants, à part celles qui sont placées aux deux extrémités de la rue. Les religieux, en aliénant une partie de leur jardin, s’étaient réservé une entrée qu’on devait leur ménager dans les nouvelles constructions. On trouve en effet, au n° 8, une allée qui n’a aucune communication avec les étages supérieurs, et qui conduisait au monastère. C’est à cette époque à peu près qu’il faut faire remonter la création du quartier Saint-Clair.

Enfin en 1753 a lieu un événement considérable pour l’industrie lyonnaise. Le duc de Mirepoix, alors ambassadeur de France en Angleterre, parvint, à force de promesses qu’il ne tint pas entièrement, à envoyer en France un Anglais, nommé Jean Badger, pour importer l’industrie du moirage des étoffes. Badger fut reçu à Paris par M. Trudaine, intendant du commerce, qui exigea du nouvel arrivant la formation d’un élève. Celui-ci accepta sous la condition que son apprenti ne se séparât jamais de lui, et il se rendit à Lyon. Il y fut reçu par M. Flachat, prévôt des marchands, qui lui donna pour élève son valet de chambre, Philippe Séguin, auquel Badger apprit son secret. Le Consulat, qui entretenait d’excellentes relations avec les Feuillants, leur proposa d’utiliser l’intérieur de leur cloître, ce qui fut accepté moyennant un loyer de 1.500 livres. Je n’ai pas à faire l’historique du moirage à Lyon, il a eu ses moments de vogue et de délaissement, je me contente de constater que cette industrie se rattache au claustral des Feuillants ; il y a encore aujourd’hui la cour du Moirage.

Mais voici la Révolution qui supprime les congrégations religieuses et confisque leurs biens. Le tènement des Feuillants est, en 1791, divisé en sept lots ; l’église est réservée, et l’almanach de Lyon de 1792 lui donne le titre d’oratoire dépendant de Saint-Polycarpe. Le premier lot se composait d’une grande maison, portant le n° 6, et ayant seize croisées de façade sur la grande rue des Feuillants ; elle contenait le passage n° 8 dont nous avons parlé. Il fut adjugé au sieur Louis Drivet, au prix de deux cent trente-deux