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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

l’espace de deux ans et quatre mois, faire le choix d’un successeur, Philippe, comte de Poitiers, qui devint Philippe le Bel, roi de France, les attira à Lyon et leur désigna le monastère dés Jacobins pour le lieu de leur assemblée. Après quarante jours, les vingt-trois cardinaux assemblés nommèrent à l’unanimité le cardinal Jacques Eusse, homme de petite taille, d’une naissance obscure, mais doué de grands talents pour son siècle.

C’est aussi dans ce couvent qu’Humbert II de la Tour, dernier dauphin de Viennois de la troisième race, fit, le 16 juillet 1348, dans une assemblée solennelle, la donation pure et simple de ses États du Dauphiné à Charles de France, duc de Normandie, fils du roi Jean. Il l’en mit en possession par la tradition du sceptre, de l’anneau, de la bannière et de l’épée ancienne du Dauphiné. Le lendemain Humbert se faisait Dominicain ; il mourut prieur du couvent de Paris et patriarche d’Alexandrie.

En 1495, Charles VIII et la reine son épouse logèrent dans ce monastère. En 1507, le cardinal d’Amboise y donna le chapeau à René de Prie, évêque de Bayeux ; Louis XII assistait à la cérémonie. En 1562, les huguenots, maîtres de la ville, pillèrent le couvent des Jacobins, enlevant tout ce qu’il y avait de précieux et de sacré. Ils firent abattre une croix élevée au milieu de la place de Confort. Les religieux, plus tard, la remplacèrent par une croix plus belle que la première. Signalons encore deux faits qui, solennisés dans la chrétienté tout entière, furent célébrés avec la plus grande pompe au couvent des Jacobins de Lyon : le premier est la canonisation du pape saint Pie V, religieux dominicain, en l’honneur de qui, le 29 avril 1713, commença une fête qui dura huit jours ; le second est l’exaltation au souverain Pontificat du cardinal Orsini, religieux dominicain, qui prit le nom de Benoît XIII ; elle fut célébrée à Lyon par des réjouissances publiques et des fêtes brillantes.

Enfin il nous semble impossible de parler des Jacobins sans dire un mot de la Grande-Fabrique, dont l’existence pendant longtemps a été étroitement liée à celle du monastère.

La communauté de la Grande-Fabrique d’étoffes d’or, d’argent