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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

missionnaires de Saint-Joseph étaient à Lyon l’avant-garde de la secte.

En 1760, les Oratoriens firent construire, sur les dessins de M. Loyer, une vaste église sur l’emplacement de leur chapelle ; c’est aujourd’hui l’église de Saint-Polycarpe. Son architecture d’ordre corinthien est un peu lourde. Le transept n’est qu’indiqué par l’interruption des chapelles latérales ; à proprement parler, il n’y a pas de chœur, et l’autel, au lieu d’être sous la coupole, est au fond de l’abside. Heureusement l’esprit religieux d’une paroisse ne dépend pas de lignes architecturales plus ou moins correctes ; la paroisse de Saint-Polycarpe est une des plus religieuses de Lyon.

Lorsque, en 1762, on expulsa de France la Compagnie de Jésus, les deux collèges de Lyon, qui étaient tenus par les pères Jésuites, allaient être sans maîtres. Le prévôt des marchands et les échevins de la ville de Lyon proposèrent aux pères de l’Oratoire de leur céder le collège de la Trinité, et le 3 février 1763, le corps municipal leur fit à perpétuité la cession dudit collège ; les Oratoriens, en retour, s’engageaient à fournir, pour la tenue du collège, seize personnes parmi lesquelles devaient être au moins quatre prêtres, à tenir toutes les classes d’humanité, de rhétorique, deux de philosophie, deux de théologie, etc. Le Consulat s’engageait à payer 1.600 livres par an aux pères de l’Oratoire, 500 livres pour l’entretien d’un suisse aux livrées de la ville, et 400 livres pour tenir lieu de franchise des droits d’entrée de vins. Ce traité fut bien accueilli par le parlement, et sanctionné par des lettres patentes du roi le 29 avril 1763.

Mais ce remplacement ne se fit point sans susciter des sentiments bien divers. Un conflit à ce sujet éclata entre la municipalité, qui avait installé les Oratoriens, et la sénéchaussée, qui regrettait les Jésuites et qui était jalouse de la municipalité lyonnaise. Les Oratoriens, ainsi placés entre deux puissances rivales, eurent à essuyer bien des calomnies, et l’on put craindre un instant qu’ils ne fussent forcés de céder la place. Mgr de Montazet mit fin à cette situation douloureuse par une lettre pastorale qui faisait l’éloge des