Page:Les anciens couvents de Lyon.pdf/553

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
536
LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

mandeurs d’Aquitaine et de Normandie furent amenés à Paris, devant une nouvelle commission, et condamnés à une prison perpétuelle. Le grand maître et le commandeur de Normandie, Geoffroy de Charnay, rétractèrent alors leurs aveux. Aussitôt Philippe, sans prendre avis de la commission ecclésiastique, ordonna leur mort. Le 19 mars 1314, on leur lut leur sentence. Ils étaient en prison depuis sept ans ; ils prononcèrent ces mémorables paroles : « Nous ne sommes pas coupables des choses dont on nous accuse, mais nous sommes coupables d’avoir bassement trahi l’Ordre pour sauver nos vies. L’ordre est pur, il est saint, les accusations sont absurdes, les confessions menteuses. » Le soir de ce même jour, dans une petite île de la Seine, aujourd’hui le terre-plein du Pont-Neuf, le bûcher était dressé, et ces deux tardifs confesseurs de la vérité moururent avec un invincible courage. Leurs cendres furent jetées au vent.

Clément V succomba un mois après, Philippe le Bel disparut bientôt à son tour. Une légende se forma et se répandit que Jacques de Molay avait assigné le pape et le roi au tribunal de Dieu.

De cet exposé impartial, la conclusion se dégage simple et nette : oui, quelques Templiers ont été coupables d’orgueil, d’irrévérences et peut-être de débauches ; non, les Templiers n’ont pas été coupables des atrocités relevées à leur charge par les avides sous-ordres du plus avide Philippe le Bel.

Après cette histoire générale de l’Ordre du Temple, une histoire locale et lyonnaise des Templiers eût été à sa place. Mais les documents font défaut. Si, dans le Cartulaire du Lyonnais, vous cherchez à la table le mot ce Temple », vous êtes agréablement surpris de voir à la suite de nombreux renvois. Vous pensez trouver là une mine féconde de matériaux ; hélas ! on trouve le mot « Temple » dans les actes, mais simplement comme délimitation de propriétés, ou bien s’appliquant à d’autres Temples que celui de Lyon. Les seuls renseignements que nous possédions nous viennent de ceux qui ont écrit sur les Célestins (Vid. plus haut), qui ont eu leur couvent sur l’emplacement du Temple.