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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

vint à Lyon, où il prêcha encore plusieurs fois. Le 27 décembre, il se disposait à regagner la Savoie, quand il eut soudain une défaillance suivie d’une attaque d’apoplexie, dont il mourut le lendemain, il avait cinquante-six ans. Il fut canonisé, en 1665, par le pape Alexandre VII. Son corps, avec grande solennité et nombreuses marques d’honneur, fut transporté à Annecy, et son cœur resta au couvent de Lyon. Nous verrons ce que devint ce cœur vénéré aux jours mauvais de la Révolution.

Cette notice sur l’ordre de la Visitation serait trop incomplète si nous ne mettions davantage en lumière la figure douce et forte de sainte Chantal, la coopératrice si active, si dévouée, si remarquable de saint François de Sales. Jeanne-Françoise Frémiot naquit en 1572, de Bénigne Frémiot, second président au parlement de de Dijon, et de Marguerite Barbesy ; elle eut pour frère André Frémiot, qui devint archevêque de Bourges, et qui fut un des prélats les plus savants de son temps. Elle perdit sa mère quand elle n’avait que dix-huit mois, mais elle fut cependant élevée avec grand soin, et sa piété, dès sa jeunesse, fut remarquable. Quand elle fut en âge d’être mariée, elle épousa Christophe de Rabutin, baron de Chantal, gentilhomme de la Chambre du Roi, et mestre de camp d’un régiment d’infanterie. Ce mariage fut heureux, dura neuf ans et la rendit plusieurs fois mère ; mais elle fut veuve à vingt-huit ans par suite d’un accident de chasse qui tua M. le baron de Chantai. Dès lors la jeune veuve ne s’occupa plus que de ses enfants et des soins de son progrès spirituel. Son désir d’être à Dieu grandissait tous les jours ; c’est le moment où Dieu va mettre saint François de Sales sur son chemin, en envoyant le saint prélat prêcher, en 1604, le carême à Dijon. Ces deux grandes âmes se comprirent.

Il serait difficile de suivre la mère de Chantai dans ses pérégrinations nombreuses, entreprises pour la fondation de nouveaux monastères. À sa mort, l’ordre comptait quatre-vingt-sept maisons ; aujourd’hui, malgré des révolutions qui en ont supprimé un grand nombre, il en compte encore environ cent trente. Outre la prière et le travail personnel de chaque membre à sa propre perfection,