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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

il est dit : le premier couvent de l’Annonciade se compose de trente-neuf religieuses et deux tourières, avec un revenu de 3.349 livres et une dépense de 9.010. Voilà un budget qui fait rêver.

Les documents nous font défaut pour tout ce qui touche le dix-huitième siècle ; il est à croire que le monastère continua sa vie obscure et calme au milieu de ces malaises temporels. À l’époque si malheureusement tourmentée de la Révolution, il fut supprimé et devint une caserne de vétérans ; l’église fut momentanément convertie en théâtre, qui conserva le nom de Bleues-Célestes, et qui fut exploité par une société de jeunes amateurs de Lyon. L’auteur des Canettes de Jérôme Roquet, Louis-Étienne Blanc, parût dans des représentations où il remplissait les rôles de Jocrisse avec beaucoup de verve. En 1807, l’église des Bleues-Célestes fut mise à la disposition du ministre de la guerre. Ce ne fut que sous l’administration de Mgr Fesch, oncle de Napoléon Ier, que le couvent de l’Annonciade revint à un usage plus conforme à sa destination première. Il devint la maison mère des dames de Saint-Charles, qui vinrent s’y installer le 3 février 1808. Nous en parlerons plus loin avec plus de détails.

Malgré les bouleversements et les réparations que fait ou qu’exige le temps, on a conservé, au-dessus de la porte d’entrée, une pierre qui a une valeur historique. On y lit cette inscription :

premier monastère de
l’annonciade céleste. 1624.

Ce mot « premier » indique qu’il a existé à Lyon un second monastère de l’Annonciade. En effet, dans le courant du dix-septième siècle, fuyant les discordes de la guerre, les Annonciades-Célestes de Saint-Amour, en Franche-Comté, vinrent d’abord se loger au quartier de Bourg-Neuf, près de la porte de Vaise ; ensuite elles s’établirent dans la maison des Neyret[1], en 1656. Le plan

  1. La rue Neyret fut percée en 1619 sur une partie du tènement appartenant au sieur Noël Neyret.